Salut à toi, Ô visiteur!
Désolé de ne pas avoir pu t’écrire plus tôt, mais comme tu peux peut-être t’en douter, le rythme de vie ici est assez différent, et les imprévus nombreux! Je prends encore le temps d’écrire un petit message en cette fin de première journée complète pour te raconter un petit évènement qui devrait t’amuser. Tu sais qu’une des questions qu’on me posait le plus avant mon départ (seulement à moitié en blague) était si j’allais manger du phoque cru ?... Je crois que tu peux imaginer où cette histoire se dirige…
Eh bien, à la fin de la journée, je me retrouve dans le bureau du directeur pour discuter des détails de mon embauche et de remboursements, etc. Quand, tout à coup, le téléphone sonne et un des voisins (ici, tout le monde est voisin en passant, 174 habitants) nous apprend qu’il y a un phoque derrière chez lui. Coupant court à nos conversations, nous nous dépêchons d’attraper nos manteaux et nous nous dirigeons vers ledit voisin (qui, étonnamment, vivait réellement à côté de mon appartement.) Plus nous nous rapprochions et plus nous apercevions des traces de sang sur la neige… Ce n’est qu’une fois arrivé que j’ai pu admirer un phoque adulte éventré et éviscéré gisant sur la banquise, ses organes entassés à deux ou trois pieds de là. Le chasseur nous a alors appris qu’il l’avait tué il y a quelques minutes de ça et que tout le monde était invité à manger une partie des organes, frais, sur la neige… Si tu connais bien ton héros (moi), tu sais que je n’allais pas laisser passer une telle occasion. C’est ainsi que, lorsque le chasseur me posa la question, je répondis par l’affirmative. Il découpa quelques languettes de foie qu’il étala sur la neige et, prenant mon courage à deux mains, je m’agenouillai pour ramasser une languette (la plus petite quand même, je ne suis pas SI courageux) que je mis dans ma bouche et que je mastiquai avec appréhension.
Étonnamment, ce n’était pas mauvais du tout. La viande, bien que crue, fondait dans la bouche et je dois admettre que, pour du foie, c’était même plutôt bon. Je dois avouer que je n’en ai quand même pas repris une deuxième portion (pour en laisser aux autres!)
Je sais que tout ceci parait rocambolesque et dur à croire. Toutefois, je peux jurer que chaque mot de cette histoire est vrai et que moi, Melvin le Nordique, à sa première journée complète dans le village d’Aupaluk, a mangé du foie cru de phoque sur la banquise derrière chez lui!